Quels sont les clichés de la fantasy ? Maes Larson les liste pour vous dans son roman.
Résumé
Trois garçons adolescents arrivent dans un monde parallèle et magique (NdMoi, impossible de trouver mieux que « magique ») à travers une pierre. Ils vont devoir relever des péripéties et devenir plus forts pour essayer de survivre aux dangers de ce monde et ainsi retourner chez eux. Mais, ce monde ne fonctionne pas comme celui d’origine des ados. Il y a de la magie et pas d’électricité. C’est un monde où la technologie n’existe pas ni la démocratie. Les rois et les reines sont les garants d’un pouvoir complotiste et instable.
Critique
L’histoire
Elle est horrible de banalité… Dites-vous bien que vous allez devoir tenir 50 pages sur une aventure au… marché en ville ! Les trois ados, vont se perdre en ville (ho mon dieu quelle horreur!). Ils devront envoyer des lettres à leur famille via une rivière magique… vraiment, ils ne peuvent pas retourner chez eux, mais écrire des centaines de lettres à destination de leurs parents dans leur monde… oui… hum…hum… LOOOOGGIIIIIQUE !
Bref, l’intrigue se base sur rien. On a un mystère qui s’enchaine sur un mystère qui amène un autre mystère et l’auteur se garde bien de répondre à aucun des mystères. Si un, la pierre de Lune. C’est magique et ça donne du pouvoir.
Donc trois jeunes arrivent dans un monde médiéval et magique avec des rois et des reines, et ils ont par hasard des aptitudes spéciales. Ils rencontrent des gens plutôt forts et ils sont recherchés par d’autres personnes plutôt fortes également. Bien-sûr on ne sait pas pourquoi ces gens sont supers forts et pourquoi ces trois ados sont dans cet univers…
Il est difficile de se projeter ou de faire une carte de l’environnement. Il y a un royaume à l’ouest, un à l’est, un village et des frontières, des villes marchandes et des bois. Où exactement ? Quelle appréciation des distances ? Est-ce une expédition de quelques heures? On s’en fout…
Maes Larsen joue énormément sur les clichés. Vous pourrez même imaginer la description de yeux rouges dans les buissons noirs. C’est dire s’il y a de l’imagination ! Tout au long de l’histoire, il insère des clichés sexistes et en joue pour faire avancer son scénario. La première menace est un sanglier aux yeux rouges qui bave: rien de très menaçant en somme.
Pour faire avancer son histoire l’auteur a recourt à multiples reprises au Deus Ex machina. C’est-à-dire, des gens supers forts sans explication qui vont sauver les héros. Même des pièges supers puissants qui bloquent les capitaines supers forts. Les capitaines déjouent les pièges mais on ne sait pas comment, ni pourquoi ils ont été bloqués. Sûrement pour laisser le temps au méchant d’inquiéter les héros… allez savoir.
Il y a trois étapes dans le scénario : rencontre, entrainement, confrontation. Un scénario qui est l’illustration du cliché du Shōnen. Pour faire durer l’histoire plus longtemps, l’auteur entrecoupe ces étapes par des petits moments du quotidien qui ne servent à rien, mais qui doivent nous en apprendre plus sur l’univers et les héros. La religion semble avoir une part très importante, pourtant on en parle pas, si ce n’est pour expliquer qu’elle est au dessus du roi et elle est très secrète.
Cette histoire ressemble plutôt à un scénario de film qu’à un roman de fantasy. Du reste, l’auteur envisage peut-être d’en faire un film ou rêve du bout des doigts qu’un cinéaste s’inspire de son œuvre.
Les personnages
Les trois héros sont des archétypes de personnalités : le meneur, le téméraire et le timide intellectuel . C’en est ridicule tellement c’est cliché !
Les personnages sont à l’image de l’auteur, sexistes et misogynes. Les hommes doivent secourir les femmes, et les femmes sont en danger pour valoriser les hommes. D’ailleurs, il n’y a que deux femmes qui se battent, et entre elles bien-sûr. Les garçons ne tapent pas les filles. La seule guerrière se battant contre les hommes est très forte et dérangée mentalement. Elle est présentée comme sadique et aimant la violence.
Le Roi est magnanime, aimé de tous et solitaire. Il sait tout et personne ne peut lui tenir tête (sauf un représentant religieux qui est au-dessus du roi). Il a de grands secrets mais tout le monde lui fait confiance, même les héros. On ne sait pas pourquoi d’ailleurs. Moi un mec qui me dit « tu verras plus tard », je ne lui fais pas confiance. C’est d’ailleurs un tour de passe-passe scénaristique. « Je t’expliquerais quand le moment sera venu ».
Le caractère des personnages est caricatural, sans subtilité. Les hommes font la coure aux femmes et les femmes séduisent les hommes. D’ailleurs toutes les femmes sont « bonnasses » et même les plus intelligentes ne sont pas très importantes. Elles sont juste bonnes…
[…]Elle roula plusieurs fois sur l’herbe, ce qui créa un nuage de poussière. Le groupe arriva rapidement sur le lieu de l’accident. Garius demanda à tout le monde de rester derrière lui. On ne pouvait rien voir, mais ils entendirent des quintes de toux et une voix de femme qui disait :
– J’y étais presque. Encore quelques essais et elle sera au point. Je me disais bien que j’avais mal accordé ce satané gouvernail.
– Rhumaterme, c’est bien vous ? Vous n’êtes pas blessés ? dit Garius qui connaissait la femme cachée derrière la brume épaisse.
La poussière se dissipa enfin et la femme apparut devant le groupe. De grande taille avec des cheveux longs lui tombant au bas du dos, la femme d’une trentaine d’années ne semblait pas affectée par sa chute. Pourtant, elle saignait au niveau du coude et sur ses deux genoux, mais elle s’en moquait. Elle se recoiffa et nettoya brièvement ses vêtements salis par la terre avant de s’avancer vers Garius. Ses grands yeux noirs se mariaient parfaitement avec son visage fin et mat. Elle portait une tenue soulignant ses formes avantageuses. Les garçons, complètement hypnotisés par sa beauté, ne parvenaient pas à la quitter des yeux. Même Garius, qui d’habitude ne se laissait pas charmer facilement, resta quelques secondes à la fixer.
[…]
Sans compter sa beauté et ce physique parfait qu’elle assumait, n’arrangeant pas les affaires d’Adam et de ses amis, alors dans l’incapacité de réagir. La princesse, légèrement excédée par leur comportement, mais aussi un peu jalouse de la place prise par Rhumaterm, lâcha :
[…]
Bref, je vous laisse compter le nombre de « la femme« .
Petit jeu, essayer de trouver d’autres moyens de présenter un personnage que par son prénom, le pronom ou son genre !
De plus, quelques lignes plus loin, la scientifique se fait « conseiller » par l’un des hommes à propos de l’amélioration de son invention (en 15 minutes dans le texte hein… parce que bon, une vie dédiée à la science, ça se résume en 15 minutes de conseils par un homme).
L’écriture
Pas fou ! Le vocabulaire n’est pas très varié et la description est en général monotone. Pas mal de répétition et de simplification d’éléments de langage. Un style d’écriture simple qui empêche la nuance et la subtilité, et au final la projection et la déduction. Un style qui mâche le travail.
Un style d’écriture qui impose une idée. On ne peut pas se faire soi-même une opinion parce que l’auteur décide pour le lecteur sans subtilité.
Exemple qui énonce clairement l’aspect moralisateur de l’auteur.

Situation : il y a une décision à prendre. Soit les trois héros vont sauver la princesse, sa copine et la reine (deux des garçons sortent avec les jeunes nobles) en affrontant un super méchant badasse et super fort, et ils risquent d’échouer. Soit, ils attendent les capitaines pour attaquer ensemble, mais avec le risque de laisser l’une des personnes mourir. L’un des héros fait le choix de rester. Bref, on se retrouve à la fin dans la chambre de convalescence :
– On m’a raconté ce qui s’est passé. Je ne pourrai jamais assez vous remercier. Sans votre aide, j’aurais certainement perdu ma famille.
– Pas la peine de nous remercier, on a fait ce qu’on devait faire, répondit Ryan, gêné par les mots du roi.
Isaac, quant à lui, resta silencieux. Il s’en voulait d’avoir été lâche et de n’être pas intervenu plus tôt. Ryan ne lui en voulait pas, bien au contraire. Il savait que ce miracle n’avait eu lieu que grâce à son camarade.
Voilà qui résume le style de l’auteur. Isaac est lâche même si c’est faux, et de toute façon il n’a rien changé à l’histoire parce que c’est l’héroïsme de Ryan qui a tout fait. Moralité : foncez tête baissée, et prouvez que vous êtes le plus fort. Tout autre attitude sera comprise comme de la lâcheté.
Voici un dernier exemple du style d’écriture que j’invente pour illustrer sans dévoiler trop d’extrait du roman :
« Il était devant la cheminée quand un ami entra il regarda son ami et le salua.
– Salut !
– Salut, lui répondit-il avant de lui demander ce qu’il faisait.
– Tu fais quoi ? Tu lis ?
– Oui je lis répondit l’homme devant la cheminée. J’ai presque fini.
Et là, il termina le livre et exprima son mécontentement.
– Mais je ne suis pas content de ce livre. »
En bref, je n’ai pas aimé l’histoire, je trouve que les héros n’ont pas de profondeur. Je n’ai pas été embarqué dans l’histoire et le style d’écriture n’est pas adapté au médium utilisé. Ma conclusion, épargnez-vous un mauvais moment !